Lutte contre le VIH au Togo

Le 19 février 2008, par Marcel ABALO,

Lutte contre le VIH/SIDA au Togo : les efforts des associations

« Maladie du siècle », « maladie de la honte », quelque soit l’appellation qu’on lui donne, le VIH/SIDA demeure aujourd’hui un défi majeur pour le développement en général, et pour le développement humain en particulier. En Afrique, la pandémie a détruit beaucoup de vies, privé la société de millions de personnes valides, et elle a enfreint les espoirs de millions d’enfants et de jeunes. Beaucoup de gens s’accordent à dire aujourd’hui que l’épidémie se « féminise » de plus en plus, surtout en Afrique où les femmes et jeunes filles représentent environ 60% des personnes infectées (ONUSIDA, 2006). Quant aux enfants, ils continuent d’être les victimes directes et indirectes du VIH/SIDA.

Pandémie mieux comprise et intensification de la lutte

Partout en Afrique, on note que la pandémie du VIH/SIDA est beaucoup mieux comprise aujourd’hui qu’il y a dix ans. Au Togo où le taux de séroprévalence est de 3,2%, les nombreuses campagnes de sensibilisation et d’éducation menées par le Gouvernement, diverses organisations de la société civile et les partenaires au développement ont énormément contribué à faire comprendre aux gens les différents modes de transmission, et les moyens de se protéger.

Des associations de personnes vivants avec le VIH/SIDA (PVVIH) ont ainsi vu le jour et mènent des actions d’éducation et d’assistance non seulement en faveur des personnes infectées, mais aussi à l’endroit des personnes non infectées en vue de leur permettre de ne pas s’exposer inutilement à des risques. Au nombre de ces associations, le RAS+ Togo, qui est un réseau de douze associations togolaises de lutte contre le VIH/SIDA. Sa mission principale est de favoriser une synergie d’actions entre les ONG et associations de PVVIH, en vue d’une prise en charge efficace et d’une meilleure prévention. Entre autres, RAS+ Togo forme un groupe de pression pour assurer une représentativité des PVVIH au sein des instances de décision ; renforce les capacités institutionnelles de ses associations membres ; et organise des activités de communication pour le changement de comportement.

Malgré la forte mobilisation pour la lutte, quelques problèmes demeurent

Accès des PVVIH aux anti-rétroviraux (ARV)

Selon le Président du RAS+ Togo, Augustin Kokouvi Dokla, il y a un nombre total de 18.000 PVVIH qui ont normalement besoin des ARV [citant les sources de l’ONU SIDA]. Sur ce nombre, seules 6.000 personnes y ont réellement accès. Actuellement, ces 6.000 personnes sont entièrement prises en charge par l’État togolais et le Fonds mondial pour ce qui concerne les ARV. Quant aux PVVIH qui ne sont pas pris en charge, elles se procurent les ARV elles-mêmes à des prix variant entre 4.300 et plus de 80.000 FCFA par mois. Il faut toutefois signaler que l’État togolais a pris des mesures pour exonérer ces produits de taxes depuis l’année 2000.

D’autre part, on note des périodes de rupture dans la fourniture des ARV au Togo : « Les ruptures dans la fourniture des ARV a commencé depuis 2006, mais c’est vraiment en 2007 que le problème s’est accentué. Nous avons déjà connu 5 phases de rupture de stock d’ARV depuis le début de l’année, dont la dernière a duré 5 semaines. Cette situation nous a amené à organiser un sit-in devant le Parlement togolais pour crier notre ras-le-bol, et demander que des efforts soient faits par toutes les parties prenantes, en vue d’éviter aux PVVIH de développer des résistances et d’avoir des complications. Notre appel semble avoir été entendu, et les médicaments sont arrivés cette semaine. Mais la cargaison qui est arrivée ne pourra servir que deux mois », déclare Augustin Dokla, Président du RAS+ Togo.

Il a fait appel à toutes les personnes concernées et à toutes les bonnes volontés pour tout mettre en œuvre afin d’éviter que le Togo ne connaisse encore d’autres ruptures de stocks d’ARV : « Il faut trouver des solutions durables. Il faudrait que le Gouvernement puisse inscrire dans le budget une ligne destinée à l’achat des ARV. Il faudrait que les partenaires du pays puissent également renforcer leurs appuis aux PVVIH ».

Stigmatisations et discriminations

Selon le Président du RAS+ Togo, malgré toutes les sensibilisations sur le VIH/SIDA, les personnes séropositives continuent par faire face à des problèmes de stigmatisation et de discrimination. Il évoque certaines situations concrètes : « Des gens se cachent pour mourir ; des gens se cachent pour prendre leurs médicaments ; des belles-mères harcèlent leurs belles-filles ne pouvant pas allaiter leurs enfants ; des parents ne veulent pas investir dans l’avenir de leurs enfants séropositifs ; des propriétaires trouvent des alibis pour faire expulser des locataires ; et plusieurs autres encore. Il y a aussi des clichés que l’on colle aux personnes séropositives (maladie de la honte, gens de mauvaises mœurs, association du VIH à la mort, etc.) ».

Un engagement personnel

Pour Monsieur Augustin Dokla, les personnes séropositives doivent tout faire pour surpasser les discriminations et stigmatisations de toutes sortes et pouvoir mener une vie normale : « Je vis avec le VIH depuis 17 ans déjà, et je le vis très positivement. La lutte contre le SIDA, c’est mon quotidien, c’est mon engagement personnel. Comme j’ai l’habitude de le dire, je ne mourrai pas de SIDA, mais je mourrai avec ! ».

Le Président du RAS+ Togo a lancé un plaidoyer en direction de tous les partenaires au développement du Togo pour qu’ils renforcent leurs appuis à la lutte contre le VIH/SIDA. « Il est important de conjuguer tous les efforts pour nous sortir de cette situation de précarité dans laquelle nous sommes. Il existe déjà un leadership au sommet de l’État que nous apprécions beaucoup, mais il faut que les promesses soient concrétisées et soutenues. L’apport de tous les partenaires au développement est indispensable. La Banque mondiale, par exemple, a accordé des dons à plusieurs pays africains pour la lutte contre le SIDA ; il faut qu’elle puisse faire la même chose au Togo, parce que la lutte contre le VIH/SIDA est une situation d’urgence. ».

Actions de la Banque mondiale

Il faut noter que la Banque mondiale intervient dans la lutte contre la pandémie à travers le Projet régional commun de prévention et de prise en charge des IST/VIH/SIDA le long du corridor Abidjan-Lagos (communément appelé Projet Corridor) dont la mise en œuvre a démarré en 2004, et dont l’objectif est d’accroître l’accès des personnes vulnérables aux services d’appui, de soins et traitement de base, et de prévention du VIH/SIDA le long du corridor routier Abidjan-Lagos. Le Projet Corridor entre dans le cadre de la Stratégie d’intégration régionale de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’ouest et vise particulièrement les transporteurs, les migrants, les professionnels du sexe, et les populations vivants le long du corridor. Il est financé par un don de la Banque mondiale d’un montant de 16,6 millions de dollars, et les pays bénéficiaires sont la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria.

La Banque appuie également la lutte contre le VIH/SIDA au Togo à travers certains microprojets financés dans le cadre du Programme d’urgence de réduction de la pauvreté (PURP). Le PURP finance des projets sociocommunautaires (selon les besoins exprimés par les populations bénéficiaires elles-mêmes) dans les régions Maritime et Savanes.

Référence.

Icilome.com Merci d’avoir lu l’article. Marcel ABALO.

 

Commentaires de l'article

 
AudreyT
Le 8 novembre 2014
Réjouissant à compulser, en plus d’un contenu rationnel, mes congratulations concernant cet article. audrey du bon plan des meilleures banques en ligne
 
NadyA
Le 13 décembre 2014
Bonne idée de partager votre opinion là-dessus, nos réflexions convergent ! #name# pour le site www.candyup-jeuete2013.fr
 

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